Kuebebierg

Un quartier circulaire à impact positif

Le Fonds Kirchberg a développé une Charte d’urbanisation qui définit les objectifs et invariants urbanistiques et paysagers pour la partie « Kuebebierg », dernière grande réserve foncière à urbaniser, appartenant uniquement au Fonds.

Révéler la géographie et le paysage naturels et urbains : Le projet puise ses composantes fondamentales dans les caractéristiques environnementales naturelles et urbaines. La structure primaire de l’urbanisation, définie dans le plan des invariants, est composée d’une trame d’espaces publics reliant le Kuebebierg aux espaces urbanisés environnant et au grand paysage, d’une trame de mobilité organisée autour d’une nouvelle offre de transport en commun performant, d’une trame de biodiversité permettant d’articuler le futur quartier avec son environnement forestier.

Vers une co‐mobilité alternative à l’usage individuel de la voiture: La mobilité est pensée en termes de diversités des demandes afin de réduire la part de l’usage individuel de la voiture tout en ne limitant pas les possibilités de mouvement. Toutes les alternatives à l’usage individuel de la voiture sont favorisées et mises en valeur dans l’espace public. Cette approche nécessite une vision intégrée pour répondre aux enjeux de circulations et environnementaux contemporains.

Une ville des courtes distances : La ville des courtes distances vise à offrir un ensemble de services, d’équipements et d’espaces de proximité permettant de mener une vie quotidienne agréable en privilégiant les modes actifs. La desserte du tramway permet aussi de développer des pratiques complémentaires à l’échelle métropolitaine. L’offre d’un bouquet de services de mobilité permet en outre différentes pratiques territoriales indépendantes du tout voiture.

Une approche économe des ressources dans une infrastructure écosystémique : Le projet, par sa conception, ses implantations, ses formes, ses matières, cherche à profiter au mieux des ressources disponibles (soleil, vent, eau, perméabilité des sols, …) pour réduire les besoins des bâtiments (chaleur, froid, lumière) et des espaces urbains (éclairage, réseau, …) et simultanément, proposer des conditions de vie (confort, qualités sanitaires) optimales pour les habitants.

Vers une mixité sociale et une intensité urbaine : L’objectif du projet est de construire un environnement favorisant la mixité sociale, générationnelle et plus généralement de permettre une diversité de modes de vies.

Une stratégie dynamique : L’ambition du projet est de créer l’ensemble des conditions nécessaires pour atteindre des objectifs de qualité sociale, environnementale, paysagère. L’ampleur du projet et l’étalement de sa réalisation dans le temps, nécessitent de définir une stratégie dynamique globale et des objectifs intermédiaires. Ceci en tenant compte de la maturation progressive de l’offre urbaine tout en assurant des équilibres souhaitables dans l’entre-temps de l’urbanisation de l’ensemble du secteur. Il s’agit donc de construire une stratégie temporelle qui tienne compte à la fois des objectifs à long terme, des phases intermédiaires, des dynamiques générées par les différentes phases de transformation du secteur, des évolutions des modes de vie au cours de son urbanisation, de la possibilité d’évolutions de la ville au-delà de la programmation actuelle. La mise en oeuvre du projet urbain et sa réussite nécessitent de créer, dès les premières phases, les infrastructures et les ressources nécessaires pour assurer à la fois dans l’entre-temps et à terme une situation équilibrée, en particulier en ce qui concerne les ressources de proximité pour la vie quotidienne et les pratiques e mobilité.

Parallèlement, l’adoption du Fonds de l’approche inspirée « cradle to cradle », visant à générer des impacts positifs au niveau social, environnemental et économique tout en mettant le bien-être des individus au centre de ces démarches, a aboutie dans une définition de vision globale: Bien vivre en milieu urbain en symbiose avec son environnement. 

Sur cette base le Fonds a lancé en novembre 2019 une consultation rémunérée restreinte pour urbanistes, paysagistes et sociologues urbains en vue de l’élaboration d’un schéma d’urbanisation basé sur des études réalisées en amont ( mobilité, gestion de l’eau, énergie, environnement et compensations écologiques, économie et viabilité). L’annonce du résultat est prévue pour 2022.

Les objectifs par thèmes

Mobilité et espaces publics : créer la ville des courtes distances

Favoriser la mobilité active

  •  Création d’axes directs et sécurisés afin de développer un réseau attractif suivant l’objectif de la « ville des courtes distances » au Kuebebierg
  • Diversifier les modes et services de mobilité des personnes
  • mise en service d'une nouvelle ligne de tram

Limiter la circulation de la voiture

  • Un seul accès carrossable vers le quartier
  • Ratio ambitieux de 0,5 voitures par logement
  • Largeurs restreintes de gabarit pour transport individuel motorisé, des « shared spaces » à plusieurs types de mobilité et des zones à vitesse apaisée à 20 respectivement 30km/h.

Offrir des espaces, des services, des commerces et des équipements de proximité

Créer des parkings groupés pour voitures

  • créer des parkings regroupés rassemblant les stationnements pour les besoins des résidents, des visiteurs et offrant des services mobilité type car-sharing, vélos et autres (concept de « smart mobility hub »).

Offrir des espaces, des services, des commerces et des équipements de proximité

Favoriser le bien-être des habitants

  • Favoriser l’échange social
  • Créer une identité de quartier
  • Trouver l’équilibre entre la densité, la qualité de l’espace et l’intimité
  • Créer un environnement à l’échelle humaine
  • Promouvoir l’intégration d’espaces de verdure et de récréation

Energie

Maximiser la production d’énergies renouvelables

L’approche énergétique du quartier se base sur les quatre piliers suivants :

  •  Utiliser l’énergie de manière efficiente
  • Produire un maximum d’énergie renouvelable sur site
  • Stocker l’énergie pour couvrir un maximum des besoins en énergie sur site
  • Explorer des solutions innovatrices et pionnières

 

Eau

Valoriser les cycles de l’eau

  • limiter l’usage de l’eau potable aux applications à haute exigence de qualité (alimentaire, hygiène)
  • se servir des eaux de pluie et des eaux grises traitées pour les besoins d’irrigation, nettoyage, WC et d’autres usages afin de veiller à la réduction au maximum du gaspillage.
  •  Eau de pluie : 
    • Minimalisation de l’impact de l’urbanisation sur le contexte environnemental local. Conserver au mieux l’énergie potentielle de l’eau tout au long de son trajet (utilisation en cascades).
    • Rétention en toiture, à l’intérieur des ilots et dans les noues dans l’espace public, dans les bassins de rétention d’eau vers la canalisation.
  • Limiter les scellements de sol

Environnement naturel

Le plateau du Kuebebierg s’inscrit dans un environnement sensible marqué par la topographie et cerné au sud (vallon du Märtesgrond), à l’ouest (extrémité Ouest du plateau) et au nord (forêt de Grünewald) par des zones protégées qui se chevauchent partiellement (zone Natura 2000 et zone de protection d’intérêt national Kuebebierg).

Développer un urbanisme qui respecte ces zones protégées

  • Respecter des éléments naturels présents sur le site (par exemple par la conservation du verger existant)
  • Mise à distance de l’urbanisation des aires protégées à travers la création de zones tampons et d’espaces récréatifs au sein du quartier
  • Créer de couloirs Nord-Sud (relier les zones protégées et créer des couloirs pour la faune dont les chauves-souris et oiseaux) ainsi que des maillages écologiques
  • Créer des espaces optimisant les conditions climatiques et la qualité de l’air
  • Limiter les mouvements de terre favorisant un écoulement naturel des eaux pluviales et préservant la qualité du sol naturel

Privilégier un aménagement écologique au sein du quartier

  • Choix de plantations d’essences indigènes (création de prairie à la place des pelouses, végétation spontanée, rangées d’arbres, bosquets, arbustes…) adaptées au site
  •  Façades et toitures végétalisé
  • Implantation d’une ferme urbaine :
    • Participer à la stratégie d’une ville « courtes distances » par une production et vente local
    • Permettre le maintien de l’agriculture sur site et la conservation d’un patrimoine
    • Pédagogie et sensibilisation sur la provenance de nos aliments
    • Constituer une offre pour l’entretien des espaces verts publics au sein du quartier

 

Le projet lauréat: Si ville, si nature

En complément des compétences pluridisciplinaires déjà mandatées à l’occasion de la rédaction de la charte urbaine, le Fonds Kirchberg souhaitaitfaire élaborer trois propositions de schéma d’urbanisation différentes, toutes respectant les études déjà menées et y apportant un concept urbanistique intégré de qualité. De ce fait, une consultation rémunérée restreinte a été lancée pour proposer des concepts et idées pour le quartier Kuebebierg.En date du 2 mars 2022,  l’équipe lauréate de la consultation rémunérée pour l’urbanisation des terrains du Kuebebierg a présenté son projet. Il s'agit du groupement mené par le bureau Güller Güller architecture urbanism de Rotterdam et Zurich.

Imaginer un quartier qui est en même temps ville et nature, tel est le défi que se sont lancé les membres de l’équipe autour de l’architecte-urbaniste Mathis Güller. « Nous désirons construire ce nouveau morceau de ville depuis la topographie », explique –t-il. Dans son concept urbanistique la forêt qui ceinture les coteaux escarpés se prolonge sur le plateau. Ainsi, chaque logement du futur quartier Kuebebierg sera en contact direct avec la nature. Les 7000 habitants auront tous une vue sur les arbres depuis leur appartement. « Selon l’étage, ils habiteront soit dans la canopée soit au-dessus », précise Mathis Güller.

Deux axes principaux et trois hauts-lieux de la vie commune structureront l’urbanisme. Un parc linéaire et la ligne du tram connecteront les espaces publics et les grands équipements. Au croisement de ces deux axes sont positionnées la « Porte Frieden » et la « Place du Kuebebierg ».

Deux axes, trois hauts-lieux

À l’entrée du Kuebebierg en venant du quartier Kiem, la « Porte Frieden » est l’adresse du quartier, une véritable plaque tournante entre le Kuebebierg et les quartiers voisins avec commerces, restaurants et services organisés autour de l’arrêt du tram. C’est ici qu’arriveront le matin les lycéens du nouveau Lycée Michel Lucius.

L’avenue du tram, généreuse et largement plantée, accueille le tram, les voitures, les cyclistes et piétons. On y retrouve les grands équipements tels que le Lycée Michel Lucius, l’Ecole national pour adultes (ENAD) et un centre intégré pour personnes âgées (CIPA). Des activités artisanales pourront s’installer aux rez-de-chaussée des bâtiments.

En suivant cette avenue, le tram passe par la « Place Kuebebierg », cœur battant du futur quartier. De même taille que la Place Guillaume II au centre-ville, elle accueillera une grande diversité de boutiques, restaurants et cafés ainsi que des évènements et festivités.

Deuxième axe structurant, le parc linéaire, nommé « ligne de vie », sera le grand séjour du quartier. L’équipe autour de Mathis Güller montre la vision d’un espace où les riverains se rencontrent, où les enfants du voisinage jouent ensemble. Dans cette partie du Kuebebierg, les rez-de-ville seront habités et contribueront ainsi à l’échelle humaine du quartier.

En se dirigeant vers la pointe du plateau, le quartier s’ouvre vers le paysage et la ville de Luxembourg. On y trouve le troisième haut-lieu du Kuebebierg. L’équipe qui s’est associée au bureau Güller Güller architecture urbanisme a imaginé une plaine récréative pour la pratique sportive libre et une piscine naturelle. Les parcelles et vergers d’une ferme urbaine entoureront cette grande aire.

La voiture ne dessine plus la ville

« Le Kuebebierg sera un quartier structuré par la présence du piéton. La voiture ne dessine plus la ville», poursuit Mathis Güller. A la demande du Fonds, l’espace public sera désengorgé des voitures stationnées, le ratio ambitieux de 0,5 emplacement de parking par logement sera appliqué. Le projet prévoit six parkings mutualisés et majoritairement découplés des logements, situés le long de l’avenue où circule le tram. Un « mobility hub » offrira des alternatives de mobilité tel que le car-sharing et des services favorisant la mobilité active (parking pour vélos, location, et réparation etc.).

Selon les prescriptions du Fonds Kirchberg, le projet propose une grande variété de typologie de logements. L’équilibre entre logement abordable, modéré et habitations vendues sur le marché libre est recherché pour chaque îlot et non seulement à l’échelle du quartier.

Répondre à une demande de logements abordables

« Avec cette priorité donnée aux logements, le Fonds répond à un réel besoin. Grâce aux investissements que nous réalisons, de nombreuses personnes pourront s’offrir un logement de qualité dans une situation de pénurie où les prix sur le marché immobilier ne cessent de s’envoler », souligne Marc Widong, directeur du Fonds.

Autre grand objectif du Fonds : construire un quartier pionnier en matière de transition énergétique. « Notre but est de maximiser la production d’énergies renouvelables » explique Marc Widong. « Notre approche se base sur trois piliers : utiliser l’énergie de manière efficiente, produire un maximum d’énergie renouvelable sur site, stocker l’énergie pour couvrir un maximum des besoins sur site. »

François Bausch, Vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité et des Travaux publics, se réjouit du résultat : Le projet que le Fonds réalisera s’attaque réellement au défi du 21ème siècle. Qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la décarbonisation ou de l’évolution démographique, le projet propose des solutions innovantes. » Sur 33 hectares qui appartiennent entièrement au Fonds, nous aurons la chance de construire un quartier pour l’humain qui montre que la vie urbaine et le respect de l’environnement peuvent aller de pair. Ce projet a le potentiel de devenir exemplaire au niveau national et pourra servir de modèle pour de nombreuses réalisations futures. » Il précise qu’avec son concept de co-mobilité et la connexion du quartier au réseau du tram, le développement du Kuebebierg rompt avec la logique du tout-voiture pour créer une vraie ville des courtes distances.

Fiche technique

Surface: 33 ha

Nombre de logements: 3127

Architecte-urbaniste: Güller Güller architecture urbanisme

Aménageurs-urbanistes: Zeyen+Baumann

Architectes-paysagistes: Atelier Alfred Peter

Sociologues: Etienne Ballan

Experts en mobilité: RR&A

Experts en économie circulaire: ZEFCO

Experts en environnement: Ecolor

Economistes: Ville en Œuvre

Programmation urbaine: Belvédère

 

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